Le samedi 24 juin 2023, l’association a organisé la visite du château d’Ancy le Franc dans l’ Yonne lors d’un week-end chez nos amis. 13 adhérents ont participé.
Situé sur les bords du canal de Bourgogne,ce magnifique château de style Renaissance fut construit entre 1538 et 1546 par l’architecte italien Sebastiano Serlio, à la demande du beau-frère de Diane de Poitiers, Antoine III de Clermont propriétaire des terres.
Sebastiano Serlio qui était, à cette époque, en charge de la construction du château de Fontainebleau a pu réaliser avec la construction d’Ancy Le Franc tout ce qu’il souhaitait puisqu’il n’y avait pas de construction plus ancienne sur le site.
Le résultat est une œuvre de style à la fois français et italien; un extérieur de style simple, avec pour la première fois, une construction en forme modulaire, des tours carrées à chaque angle, une toiture très pentue.
Le matériau utilisé est la pierre de calcaire de Bourgogne.
Cette conception nouvelle est appelée de la Seconde Renaissance.
La marquise de Sévigné parlait d’«une construction française «in costume italiano»».
Au décès de Serlio en 1554, c’est l’architecte français Pierre Lescot qui reprend les travaux tout en respectant les plans de Serlio.
Vendu en 1683 au marquis de Louvois, ministre de Louis XIV, celui-ci fait construire à proximité un bâtiment «en U» qui sert d’écurie. Aujourd’hui ce bâtiment sert aussi d’orangerie.
Louvois fait appel au jardinier de Versailles et de Fontainebleau, Le Nôtre, pour concevoir des jardins à la français afin de donner un style «Grand Siècle» à la propriété.
A partir de 1759, un descendant du marquis de Louvois fait transformer une partie des jardins pour un style en vogue à l’époque, les jardins à l’anglaise.
Actuellement, les 2 styles de jardin subsistent; on peut même apercevoir depuis l’une des pièces du château les 2 styles selon la fenêtre par laquelle on regarde.
Après la révolution le domaine retourne un temps dans la famille de Clermont-Tonnerre puis sera plusieurs fois vendu
avant d’être racheté au Xxème siècle par une société privée Paris Investir SAS qui a entrepris des travaux de restaurations très importants.
Trois monarques s’arrêteront à Ancy Le Franc, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV.
L’intérieur du château est une suite de salles en enfilade sur deux étages.
Le rez-de-chaussée avec des salles voûtées richement décorées d’arabesques ou de peintures évoquant la mythologie grecque.
A l’étage, des plafonds à caisson, des lambris sculptés, des parquets en marbre, des peintures murales des XVIe et XVIIe siècles la plupart attribuées à des peintres italiens dont le Primatice. Chaque pièce possède un thème particulier comme La chambre des Fleurs (détail ci-dessous).
L’ensemble présente un luxueux décor mêlant style français et italien.
Le mobilier et tout particulièrement la chambre de Diane de Poitiers sont également très raffinés.
Après la visite du château d’Ancy le Franc et un très agréable déjeuner le long du canal de Bourgogne sous les platanes du restaurant de « l’Écluse » nous avons rendez-vous à Chassignelles avec une bénévole de « l’Association des amis de l’église St Jean Baptiste » pour une visite riche de commentaires très intéressants.
Cette église isolée est située « hors les murs ». On en trouve des traces écrites dès le 12e siècle à propos du partage des dîmes. Elle dépendait de l’église d’Ancy le Franc.
Pour l’anecdote: un procès verbal a été dressé en 1735 contre un joueur de flûte qui aurait organisé des danses sur la place publique sans l’autorisation du procureur fiscal!!
L’église a un toit de laves (il s’agit de la pierre à laver qui désignait les pierres plates des toitures) qui descend presque jusqu’au sol. (photo 1)
On entre par un porche profond qui présente une peinture « le dit des 3 morts et des 3 vifs » comme à la Ferté Loupière (juin 2019). (photo 2)
La Nef est à vaisseau unique avec une voûte en arc brisé.
Une tribune a été ajoutée au 17e siècle. Elle permet de voir les motifs peints: entrelacs, hexagones, losanges ocre jaune bordés de rouge. ( photo 3)
Les peintures du chœur montrent une procession de 8 grands personnages, des apôtres (16e siècle).(photo 4)
Sur les murs de l’église on retrouve les apôtres dans des médaillons circulaires.
La Chapelle Nord présente une Annonciation datée de la 2e moitié du 15e siècle particulièrement belle et bien restaurée. (photo 5)
Deux autres sculptures du 16e siècle, une Vierge à l’enfant et un St Jean Baptiste.
On peut voir aussi une litre funéraire: c’est une bande noire peinte à partir du 18e siècle en signe de deuil : les armoiries peintes sont celles du Marquis de Louvois (1691) seigneur de Chassignelles.
Cette église rurale de la première moitié du 12e siècle à peine modifiée au cours des âges surprend par ses décors muraux soigneusement restaurés de 2004 à 2008 par des restauratrices du Patrimoine et l’aide des amis de l’association citée.
325 m2 de badigeon ont été enlevés et les enduits des peintures consolidés.
Une belle découverte !