Cette année 2023, le prix Philippe Lescat a été attribué à Yseult Martinez pour son projet de publication issu de sa thèse De la puissance des femmes : réflexion autour de cinq personnages d’opéra créés par G.-F. Haendel pour Londres entre 1730 et 1737. Cette étude paraîtra chez l’éditeur Garnier en 2024.
L’ouvrage d’Yseult Martinez croise des domaines différents mais complémentaires : l’histoire, l’histoire de l’art et la musicologie, enrichis d’approches auxiliaires, la sociologie et les études de genre. La formation même de l’auteure lui a permis une telle approche : après trois ans de khâgne au lycée Fénelon, elle est licenciée en histoire, musicologie et docteure en musicologie ; elle étudie également le luth et le théorbe au conservatoire Darius Milhaud, Paris XIVe et le chant lyrique au conservatoire Gabriel Fauré, Paris Ve.
L’étude porte sur l’analyse des personnages féminins dans trois opéras de Haendel, un corpus délimité à la fois historiquement – avant le passage du compositeur vers l’oratorio – et dramaturgiquement puisque, dans ces opéras, les héroïnes ont une importance particulière. Il s’agit d’Alcina, de Partenope et de Bérénice, entre 1730 et 1737.
L’auteure replace le traitement dramaturgique et musical de ces personnages dans un contexte social et politique. En cela, elle remet à sa juste place un acteur peu évoqué dans les études : le public. Ainsi la thèse se penche avec talent sur les phénomènes de réception des œuvres lyriques dans l’Angleterre du XVIIIe siècle.
Elle dévoile également l’importance du politique en lien avec la famille royale régnante, les Hanovre, mais aussi la place de la morale : dans le cas d’Alcina, l’analyse montre le rôle quasi didactique de l’œuvre appelant à la vertu contre les méfaits de la prostitution.
Ces approches sont accompagnées d’un travail philologique voire génétique qui vise à démontrer la richesse intertextuelle des livrets d’opéra de Haendel. Elles s’enrichissent également d’une analyse musicale très poussée en lien notamment avec l’expression des passions, un des objectifs majeurs de l’art baroque et de celui de Haendel.
L’association Philippe Lescat est donc heureuse de pouvoir aider à la publication de cet ouvrage qui connaîtra sûrement le succès auprès des spécialistes, des mélomanes et des amoureux de l’opéra baroque.